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Articles

Affichage des articles du septembre, 2014

Va au mur

L'écriture est bien la trace laissée derrière elle par la vie. L'écriture, le dessin, la photographie, la gravure, toutes ces traces sont, de manières différentes, à des degrés divers, des mémoires. Elles témoignent de ce qui a été, de ce qui est passé par là et disent notre goût, et notre besoin, de nous y raccrocher. Elles disent aussi notre désir de faire de même, de faire trace. La fascination du passé est cachée derrière celle de la trace. Et derrière elles c'est la mort qui resplendit. L'autre pôle. Entre les deux le cœur balance. Les végétaux, contrairement à nous animaux vivent et meurent en permanence, dans un même mouvement. Lentement, leur corps sécrète la vie d'un côté, la mort de l'autre. Pour ce qui est des traces, ils écrivent mieux que nous. En courant continu. Mais notre art de l'alternatif nous sauve. Notre attrait (au double sens du mot) pour l'autre. Quand je faisais de la pédagogie, je demandais à mes élèves "qu'est-ce q

Rendez-vous

Je vais travailler au grand air. Les idées circulent mieux. J'entends le vent dans les arbres. Je le vois qui agite les branches et les roseaux. Ce souffle incroyablement bon à entendre, à sentir sur soi, à voir danser dans le corps des végétaux, quel est-il ? sinon la rencontre même de l'existence des arbres, de l'air, de toutes ces particules dont nous sommes. Quelquefois je ne descend pas de la voiture, je m'installe avec un manuscrit, un papier, un livre... Tout alors m'est présent. (Jamais, à la belle saison, je ne donne rendez-vous dans mon bureau, mais toujours à une terrasse. Il faut que nous soyons à découvert, ouverts au monde.) Une petite feuille détachée d'un arbre arrive sur mon épaule. Ainsi je lis mieux, tout est mieux à sa place. Les chants d'oiseaux surgissent. Beaux, agréables. Ils ne sont pas fous comme au printemps ou en début d'été mais étranges, musicaux, porteurs de sens, d'un langage plus mystérieux. Comme leurs vol

L'aveu musical

Je voudrais écrire quelques unes des mille et une sortes de lecture amoureuse. Il y a celle de Maria, qui collectionne les aventures et les garde toutes dans sa maison, ses livres parmi les robes et les froufrous, celle d'Anna qui garde toujours un livre dans son sac, même sans l'ouvrir, juste pour le caresser de temps en temps, celle de celui qui soulève les mots, les phrases pour voir leurs dessous, leurs dessus, les soupeser, les éprouver. Il y a la lecture amoureuse du séducteur, qui aime surtout pour son tableau de chasse, ou son mur de pléiades, ou sa pile de poches qui attendent sagement d'être déflorés, goûtés et sucés, soir après soir, celles qui vous font passer des nuits blanches, ou bleues, ou pourpre ou arc-en-ciel. Il y a la lecture qui se penche amoureusement sur le livre, et celle qui se blottit plus discrète et aime attendre, celle qui dévore goulûment, celle qui s'abandonne, mais toutes, toute lecture est nécessairement amoureuse, sans toujours se l&#

Un éloge du présent

Le présent est le temps de la rencontre. L'écriture tout autant que la lecture sont la rencontre. Ce sont des papillons, des combustions, des perceptions éphémères, qui dupliquent un instant le monde. J'aime ce terme de "perception". Percevoir est une manière de voir à travers toutes sortes de filtres ou d'écrans. C'est lire sur la rétine, sur le tympan, les cellules olfactives et toutes les autres qui appartiennent à beaucoup plus sans doute qu'à cinq catégories de sens. Notre palpation du monde est certes des plus complexe et, de toute évidence aussi, évolue, se modifie continuellement, pour nous projeter toujours en avant d'un voyage dont nous sommes à la fois le capitaine, le bateau, la goutte d'océan et la poussière d'étoile. A la fois et tour à tour, car l'univers c'est le voyage. Rien n'est fixe dans ce voyage où tout se perd, tout se crée et tout continue. Où, comment, pourquoi, puis-je encore converser avec Héraclite, a