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Articles

Affichage des articles du octobre, 2017

L'âme

     L'âme adore nager.    Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes, c'est ce que j'établirai plus tard.)    On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.    Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.    L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle a lui,

À l'Écart

Pour faire un écart dans cette marche de l'homme hors sol, son décollage vers une bulle de néo-humanoïdes –, je lis André Bucher. Il faut imaginer une rencontre, mais de grande envergure. Il faut penser au vol des aigles, aux remontées des saumons le long des chutes. On peut dire que le pays, la nature, ses animaux, ses brumes, ses lumières, ses chemins, servent d'habitat à l'écriture. L'imaginaire trouve son lieu d'exil sur terre, vaste, accueillant et hostile, limité aussi, l'un et l'autre confrontant leurs limites. On peut le dire aussi à l'inverse : cette montagne, cette Vallée seule , ce Pays qui vient de loin , sont nourris, animés littéralement, par la chaleur de l'homme, son désir, son imaginaire. Quant à l'existence d'une vie sauvage autour du lieu qui m'accueille, elle résulte un tant soit peu de mes choix et de leurs pratiques. J'ai apprivoisé cette montagne en ouvrant des pistes, effectué des plantations d'arbr

Faufiler

Je ne peux lire un livre sans en écrire quelque chose. La plupart du temps ça ne sera lu par personne, ça ne paraîtra nulle part. Ça apparaîtra pourtant, dans l'espace d'une page griffonnée ou seulement dans le ciel de ma pensée. C'est cet espace qui importe à la lecture, il lui faut prendre les airs, rejoindre le monde extérieur, celui dont le lecteur a la clé, peut ouvrir les fenêtres et les portes. Mon crayon se promène et comme un bec d'oiseau il faufile à l'aventure dans le ciel au-devant de moi. Ainsi les choses m'apparaissent à mesure que je les rejoins, que je les relie à l'espace d'un autre, qui va s'effaçant. En lisant "À l'Écart" d'André Bucher Photographie de Gisèle Freund, Two friends watching the sea,1952