La lecture des génocides est l'ultime lecture. Non seulement l'humanité s'y auto-détruit mais la lecture s'y auto-détruit. Les chapitres sont courts. Vous mettez du temps à les lire. Au bout de chacun la sidération s'est emparée de vous. Plus rien n'a de sens. Sauf les oiseaux que vous entendez par la fenêtre ouverte. Parce que vous avez survécu. Tout ce qui n'est pas humain a survécu. Vous êtes des oiseaux. C'est pourquoi vous émergez de la sidération – grâce à eux. Toutes les 2, 3 lignes même, à chaque phrase même, vous deviez vous arrêter. Etouffé, sortant de l'apnée, flottant au-dessus du coma de votre vérité : vous êtes cet humain qui bascule, d'abord dans le meurtre, puis dans le génocide – parce qu'il n'y a pas 2 humains, et que vous avez fait la partition. Vous avez pris la machette. Simplement en lisant. Vous avez compris. Seuls les oiseaux ont pu vous sauver. Mais vous avez perdu votre humanité. Vous savez que vous n'av
René Thibaud