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Va au mur

L'écriture est bien la trace laissée derrière elle par la vie. L'écriture, le dessin, la photographie, la gravure, toutes ces traces sont, de manières différentes, à des degrés divers, des mémoires. Elles témoignent de ce qui a été, de ce qui est passé par là et disent notre goût, et notre besoin, de nous y raccrocher. Elles disent aussi notre désir de faire de même, de faire trace. La fascination du passé est cachée derrière celle de la trace.
Et derrière elles c'est la mort qui resplendit. L'autre pôle. Entre les deux le cœur balance.
Les végétaux, contrairement à nous animaux vivent et meurent en permanence, dans un même mouvement. Lentement, leur corps sécrète la vie d'un côté, la mort de l'autre. Pour ce qui est des traces, ils écrivent mieux que nous. En courant continu. Mais notre art de l'alternatif nous sauve. Notre attrait (au double sens du mot) pour l'autre. Quand je faisais de la pédagogie, je demandais à mes élèves "qu'est-ce qui se passe dans votre tête quand vous êtes en train de lire ?" ils étaient amenés à découvrir le va-et-vient entre le texte et la pensée.
Je me souviens d'une punition, quand j'étais petit, à l'école : "Va au mur !", et que j'ai appris là à aimer les murs.

photo r.t

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