Ces mots étonnants sont ceux de Lucien Jerphagnon dans L'homme qui riait avec les dieux...
Je citerai plus tard les mots de Kierkegaard, non moins étonnants, placés en exergue du livre.
Si la mort trouve quelque part sa place, c'est toujours dans l'imaginaire. Dans le réel elle n'est qu'un manque. Même dans un cimetière – ou surtout là – elle est absente ; il n'y a que paix, que plénitude du réel. Nulle part ailleurs le réel n'est aussi dense, sans la moindre faille. C'est le lieu tout indiqué du repos éternel. Mais ce pourrait être – et c'est effectivement – ailleurs tout aussi bien, puisque où l'on est posé on s'arrête. On s'abandonne au mouvement de l'univers.
Mais n'y étions-nous pas déjà ? Y a-t-il aux yeux de l'univers en mouvement bien grande différence entre vie et non-vie ? Et n'avons-nous pas nous-mêmes un degré de conscience qui nous place à cet endroit... de l’œil de l'univers ? Que voudrions-nous de plus... nous sommes plus que les dieux. De là nous les faisons et défaisons comme bon nous semble ; visages de la vie, visages de la mort, ils sont créatures de notre imaginaire, comme nos rêves quand nous dormons à demi.
Quand nous dormons en plein nous sommes déjà-encore un peu abandonnés au mouvement de l'univers. Déjà-encore un peu dans l’œil fermé de l'univers. Un matin ou un autre nous l'ouvrons, le temps de nous étonner de la beauté d'une fleur ou de la danse d'un oiseau blanc au-dessus de l'eau.
Fernand Léger, gouache, 1950
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