C'est parce que nous lisons que nous désirons écrire. L'écriture est la plongée mimétique dans le désir de lire. Lorsque il y a longtemps j'avais mis en route ces ateliers d'écriture qui devaient donner lieu plus tard à "La lecture amoureuse", la conscience était assez vite venue qu'au fond ces ateliers d'écriture – et je n'en faisais pas mystère – étaient des ateliers de lecture. S'il y avait un mystère, justement, c'était le texte. Le texte, c'est ce que nous lisons, c'est le dévoilement. L'écrit n'en est qu'une modalité. On pourrait dire, rejoignant Lacan, que c'est le langage. Le langage c'est cet ordre du réel dans lequel nous avons affaire. Les uns les autres, et non pas isolément. Le mot "affair" passé en anglais signifie histoire d'amour. J'aime lire René Girard. J'ai été convaincu par sa pensée mais surtout subjugué par son écriture. Elle n'est pas spectaculaire comme celle de Lacan. Je l'admire, elle correspond à mon désir. Je crois qu'elle me ressemble, je crois lui ressembler. J'ai une affaire avec elle.
autoportrait au livre de René Girard, 2008
autoportrait au livre de René Girard, 2008
Ce lien lecture/écriture m'a toujours été évident. J'ai le sentiment que ce que j'écris est toujours une lecture écrite, exceptés peut-être les poèmes...Mais allez savoir! Et sûr que le désir et l'amour sont là à l'œuvre...et j'aime cette image de "plongée mimétique dans le désir de lire, inspirée de René Girard.
RépondreSupprimerUne lecture écrite, oui, je peux adopter aussi votre expression. Tout ce qui peut rendre compte de cette continuité quasi fusionnelle. De même que lire est aussi une écriture dans le sens où il interprète, rejoue, ou recrée, réécrit donc. Il y a quelque chose qui transite, il y faut du désir, une sorte d'aspiration – pas si différente de l'inspiration, que l'on aimait croire – et qui ne peut être que mimétique, c'est à dire, d'une certaine manière, fonction d'un autre.
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