Cette phrase tronquée qui fait le titre se réfère aux orchidées qui poussent dans les canopées sans avoir de racines au sol.
J'évoque ce livre écrit par Anne da Costa parce que je le croise sur mon chemin et qu'il est d'une grande opportunité. "Récit d'une femme née sous X" en est le sous-titre.
C'est peu de dire que sa mère inconnue interdite lui manque désespérément. L'émotion y est si intense qu'il n'est pas possible de la ressentir profondément. Mais ce n'est pas le but recherché — et c'est aussi pourquoi c'est un bon livre. Un livre qui vous apprend quelque chose, beaucoup de choses. Et parmi elles la plus urgente : la société doit se construire à partir du bas ; de la même manière toute l'énergie, tout le génie, tout le savoir élaboré par l'univers naît auprès de la terre, à chaque plante qui pousse, à chaque enfant qui naît, à chaque mère qui le découvre, à chaque homme qui lui construit un berceau, à chaque paysan, à chaque ouvrier, à chaque intelligence attentive à ce qui se crée en permanence portant l'évolution du monde.
C'est dans le modèle de la sève qui fait croître les arbres dans la lumière et l'espace qu'il faut voir la construction des sociétés. Et non dans les projets de soi-disant "dirigeants" épris de pouvoir et malades de peur.
A propos de "On dit que les orchidées..." de Anne da Costa, Presses de la Renaissance, Paris, 2001
photo r.t
J'évoque ce livre écrit par Anne da Costa parce que je le croise sur mon chemin et qu'il est d'une grande opportunité. "Récit d'une femme née sous X" en est le sous-titre.
C'est peu de dire que sa mère inconnue interdite lui manque désespérément. L'émotion y est si intense qu'il n'est pas possible de la ressentir profondément. Mais ce n'est pas le but recherché — et c'est aussi pourquoi c'est un bon livre. Un livre qui vous apprend quelque chose, beaucoup de choses. Et parmi elles la plus urgente : la société doit se construire à partir du bas ; de la même manière toute l'énergie, tout le génie, tout le savoir élaboré par l'univers naît auprès de la terre, à chaque plante qui pousse, à chaque enfant qui naît, à chaque mère qui le découvre, à chaque homme qui lui construit un berceau, à chaque paysan, à chaque ouvrier, à chaque intelligence attentive à ce qui se crée en permanence portant l'évolution du monde.
C'est dans le modèle de la sève qui fait croître les arbres dans la lumière et l'espace qu'il faut voir la construction des sociétés. Et non dans les projets de soi-disant "dirigeants" épris de pouvoir et malades de peur.
« Je suis revenue encore enfant dans la maternité où je suis née. Je garde de cette visite un souvenir si précis qu'il me paraît surréaliste, dans le sens d'un réel encore plus présent, plus fort que la réalité. J'y ai retrouvé, en compagnie de ma mère adoptive, la sage-femme qui m'a mise au monde. On m'a montré la porte de la chambre où ma mère avait passé quelques heures, le salon écarté dans lequel était placé mon berceau pour ne pas me laisser près de celle qui allait devoir se séparer de moi pour toujours. On m'a dit aussi qu'elle me réclamait beaucoup et souvent.Et comme tout finit en dicton, (celui-là, enfant, me paraissait bizarre, presque redoutable en dépit de son caractère flatteur) : La vérité sort de la bouche des enfants. Je le trouve de plus en plus profond et émouvant.
J'ai profité d'un moment de bavardages pour revenir vers cette porte qui m'attirait comme un aimant. J'ai posé ma main sur la poignée en pensant que celle de ma mère s'y était posée aussi. La porte s'est ouverte et je me suis trouvée sans le vouloir dans cette chambre. Il y avait une nouvelle accouchée dans le lit, un bébé rougeaud dans un berceau, un gros monsieur et peut-être quelqu'un d'autre encore. La femme m'a montré une valise et m'a dit que la cigogne avait apporté le bébé dedans : tout le monde riait. Je les regardais, je les trouvais bêtes et très laids. J'ai répondu : "Non, ce n'est pas vrai, ls enfants viennent du ventre des mamans." J'ai fermé la porte et je suis repartie laissant derrière moi toutes mes illusions sur l'intelligence des adultes.
L'escalier, cette porte, la poignée ronde et dorée que j'ai tournée restent fixés en moi à jamais. Arrêt sur images, images fixées et revues sans cesse. Cruauté, inconscience, ou redoutable bêtise de ceux qui normalement doivent protéger et aider un enfant, et qui m'ont conduite là où toute cette douleur m'attendait. »
A propos de "On dit que les orchidées..." de Anne da Costa, Presses de la Renaissance, Paris, 2001
photo r.t
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