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Les Géorgiques

Entrer dans les Géorgiques ne se fait pas sans donner naissance aux Géorgiques. Les saisons, les terres, les générations, les âges, les corps, tous les matériaux d'un monde viennent naître dans l'écriture. Ils sont aussitôt des présences, se chargent d'inconnu, de potentialités, d'histoire, de relations. Ce sont des peuplements qui viennent occuper le terrain de votre lecture, et se nourrir de sa substance. Et comme le livre va être la reconstitution (ou la construction) de quelque chose comme d'une histoire ou plutôt d'un croisement d'histoires complexes et elles mêmes chargées d'inconnu, la lecture va suivre cette même méthode. Le livre s'ouvre par la description d'un dessin (on dirait une étude de David, où les figures, deux hommes, semblent inachevées) et vient cette phrase (est-ce un avertissement ?) " Il est évident que la lecture d'un tel dessin n'est possible qu'en fonction d'un code d'écriture admis d'avance par chacune des deux parties, le dessinateur et le spectateur."
Entrer dans le livre vous sollicite et vous responsabilise. Vous savez que vous êtes partie admise, vous sentez la connivence à la mesure de la subtilité de votre lecture, ou de l'insistance de votre attention, ou du degré de liberté de votre interprétation. Comme une main qui caresse un chat met sa fourrure en mouvement, en fait sortir sa tiedeur, comme les mots mêmes, mis en récit, se parlent, s'entrechoquent, se battent ou déclenchent la jubilation — échos, tremplins, corps animaux de l'histoire — ainsi il est donné au lecteur de mettre en mouvement cet immense et subtil opéra.

photo r.t

Commentaires

  1. ...et à l'instar du chat caressé, le moteur de la lecture va commencer à ronronner...
    Bonne journée lumineuse et chal-heureuse!

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