Tous les livres de Claude Simon se génèrent les uns des autres. C'est une joie indicible de faire parfois la découverte de l'un dans l'autre, d'une trace précise, ou d'une origine qu'on croit indéniable, comme par exemple, à la fin des Géorgiques celle des vieux papiers peints décollés, des plâtras de la Leçon de choses qui l'avait précédé. Ma lecture de Claude Simon a toujours été marquée par ce phénomène de "génération" mais, en tout premier lieu, c'est le lecteur qui est généré. Lorsque j'avais lu La route des Flandres, un phénomène étrange s'était produit, en refermant le livre (qui m'avait passionné) je fus brusquement saisi d'une "révélation": je n'avais rien compris ou plutôt je venais de comprendre qu'il s'agissait d'autre chose, plus unique, plus formidable, que ce que j'avais cru lire, j'ai donc repris ma lecture "en boucle !" croyant, en quelque sorte, le lire à mesure depuis cette place d'extra-lucidité... mais je fus alors encore un autre lecteur.
Pour ce qui est de "Leçon de choses", cet éveil des matières par les sens, que suscite la lecture (ou plutôt l'écriture car, là encore, c'est l'écriture que l'on lit) est en réalité un éveil (une stimulation) de la créativité du lecteur. Comme si on le poussait du coude, le titillait, le forçait à s'ébrouer et se remuer pour entrer dans la partie. C'est cet art de la description qui vous met sous le nez (parfois même au sens olfactif) des éléments, les uns après les autres, en précise les formes, les couleurs etc., prend la loupe pour vous permettre d'en contempler les détails, puis élargit le champ, commence à inventorier (ici, à l'intérieur d'une maison le contenu d'une pièce en chantier de rénovation, ou peut-être de démolition, ou simplement en état de dégradation), change encore de point de vue – en laisse supposer d'autres possibles –, fouille (la description, toujours) dans ce terrain d'observation comme un archéologue qui met à jour des émergences, et en même temps comme un réalisateur de cinéma qui fait ses premiers repérages. C'est le "GÉNÉRIQUE" du livre, annoncé comme tel, au début : deux pages et demie, tout au plus. Avant d'entrer dans son développement ou, plus précisément son "EXPANSION".
Parler de la place du lecteur dans un livre (mon propos depuis le début de cette "lecture amoureuse"), c'est parler de celle de l'auteur et c'est parler aussi de celle du livre, entre les deux. Tout se passe comme s'ils l'avaient véritablement en partage, d'un bout à l'autre, car l'auteur travaille "à vue" comme on dit au théâtre, les coulisses sont sur scène, le spectateur aussi, aucun artifice romantique ne fait surgir de lièvre du chapeau pour donner à l'auteur un coup de pouce magique et une aura de thaumaturge. Aucun monde n'est créé, seul un texte qui tente de répondre de ce qui est, a été, sera, indépendemment de lui. C'est pourquoi la description préside à toute l'œuvre de Claude Simon.
photo r.t
Pour ce qui est de "Leçon de choses", cet éveil des matières par les sens, que suscite la lecture (ou plutôt l'écriture car, là encore, c'est l'écriture que l'on lit) est en réalité un éveil (une stimulation) de la créativité du lecteur. Comme si on le poussait du coude, le titillait, le forçait à s'ébrouer et se remuer pour entrer dans la partie. C'est cet art de la description qui vous met sous le nez (parfois même au sens olfactif) des éléments, les uns après les autres, en précise les formes, les couleurs etc., prend la loupe pour vous permettre d'en contempler les détails, puis élargit le champ, commence à inventorier (ici, à l'intérieur d'une maison le contenu d'une pièce en chantier de rénovation, ou peut-être de démolition, ou simplement en état de dégradation), change encore de point de vue – en laisse supposer d'autres possibles –, fouille (la description, toujours) dans ce terrain d'observation comme un archéologue qui met à jour des émergences, et en même temps comme un réalisateur de cinéma qui fait ses premiers repérages. C'est le "GÉNÉRIQUE" du livre, annoncé comme tel, au début : deux pages et demie, tout au plus. Avant d'entrer dans son développement ou, plus précisément son "EXPANSION".
Parler de la place du lecteur dans un livre (mon propos depuis le début de cette "lecture amoureuse"), c'est parler de celle de l'auteur et c'est parler aussi de celle du livre, entre les deux. Tout se passe comme s'ils l'avaient véritablement en partage, d'un bout à l'autre, car l'auteur travaille "à vue" comme on dit au théâtre, les coulisses sont sur scène, le spectateur aussi, aucun artifice romantique ne fait surgir de lièvre du chapeau pour donner à l'auteur un coup de pouce magique et une aura de thaumaturge. Aucun monde n'est créé, seul un texte qui tente de répondre de ce qui est, a été, sera, indépendemment de lui. C'est pourquoi la description préside à toute l'œuvre de Claude Simon.
photo r.t
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