L'écriture, pourtant, se fait thérapie en nous libérant de nous-même, plus précisément de ce qui n'est que nous-même, qui se constitue à l'intérieur d'une enveloppe qui nous isole de l'extérieur.
Quand cela se passe, l'extérieur (l'autre, qu'il soit humain, animal, chose) a trouvé la faille et s'y est engouffré, c'est "lui" qui existe et non plus "nous" ! Comme c'est en contradiction avec tous nos projets, avec toute notre conscience, puisque projets, conscience, ne sauraient prendre le risque de leur propre perte !
La force qui nous pousse dans cet élan est inconsciente. En même temps elle est ce qu'il y a de plus répandu, de plus ouvert, elle est le réel lui-même qui nous appelle fortement, mais dont nous nous séparons par notre conscience de soi, notre peur et notre volonté de nous constituer à la place du réel (le soumettre à notre pouvoir alors qu'il nous englobe.)
Seul le plus humble le comprend, celui qui n'attend rien mais reçoit tout...
C'est ce que nous sommes quand nous nous livrons à ce qui nous traverse, en tout abandon, totalement aspirés dans cette créativité qui nous relie à l'autre, à la chose, à l'animal, à l'arbre...
Alors toute notre habileté, tous les talents qu'ont acquis nos neurones, nos sens, nos muscles — non seulement depuis le début de notre vie mais depuis le début de l'humanité et plus loin encore — entrent en action.
photos r.t
La première partie de La lecture amoureuse a paru aux éditions Gaspard Nocturne en 2004.
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