Søren Kierkegaard a la réputation d'un philosophe des plus sérieux, voire austère. Mais on sait ce que vaut une réputation...
Voici donc le texte choisi par Lucien Jerphagnon pour ouvrir son livre L'homme qui riait avec les dieux.
Il m'est arrivé quelque chose d'étrange. J'ai été ravi au septième ciel. Là, tous les dieux étaient assemblés. Par grâce spéciale me fut accordée la faveur de formuler un voeu. «Veux-tu, me dit Mercure, la jeunesse, la beauté, la puissance, une longue vie, la plus belle des jeunes filles, ou telle autre merveille parmi toutes celles que vous avons dans notre coffre ? Choisis, mais ne choisis qu'une chose.» Je fus un instant perplexe, puis je m'adressai aux dieux en ces termes : « Très honorés contemporains, je choisis une seule chose, c'est d'avoir toujours le rire de mon côté.» Pas un dieu ne répondit un mot, mais tous ils éclatèrent de rire. J'en conclus que ma prière était exaucée et que les dieux savaient s'exprimer avec goût ; car il eût été malséant de répondre avec un grand sérieux : «Que cela te soit accordé.»
Søren Kierkegaard, Diapsalmata
Fernand Léger, La lecture, 1924
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