Le soir en rentrant elle répète ces mots pour qu’ils répandent dans sa gorge une soie bienfaisante. Ils descendent jusqu’au fond du ventre un vent tiède un miel. Ils la libèrent peu à peu des murs, des champs stériles, elle les allonge dans son souffle ils descendent comme des oiseaux elle les endort en les chantonnant comme une berceuse et ils reprennent en chœur les échos de sa voix alors elle danse elle danse longtemps tous les soirs en chantant ces mots ceux-là ou d’autres ceux qui viennent en langue étrangère surtout en une langue ou une autre qu’elle connaît sans la connaître comme font les enfants Anne Nouwynck, peinture
René Thibaud